Les enjeux
Contexte
Une comptabilité carbone des produits bois peu fiable
Pour atténuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES), la filière forêt-bois mise sur la « substitution carbone », en complément de la « séquestration carbone » ou du « stockage carbone ».
Le principe ? Utiliser des produits bois pour remplacer des matériaux ou sources d’énergies plus émetteurs de gaz à effet de serre. Néanmoins, la diversité de méthodes utilisées ne permet pas d’objectiver l’efficacité de la «substitution carbone» des produits bois. Et à produits et contextes similaires, les valeurs obtenues varient fortement d’une étude à l’autre; sans doute en raison d’une prise en compte incomplète des émissions sur tout le cycle de vie des produits bois.
Objectifs
Proposer une méthodologie d’analyse exhaustive du cycle de vie
Le projet Streisand ambitionne de fournir une méthodologie de calcul de la « substitution carbone » par les produits bois qui tienne compte des émissions liées aux dynamiques forestières et aux dynamiques socio-économiques. Le projet visera notamment à quantifier les émissions liées aux effets indirects :
• de la consommation de produits bois ;
• de la production de produits bois, en tenant compte de l’évolution des comportements suite aux gains technologiques.
Il étudiera également in situ les dynamiques du carbone forestier selon les niveaux de récolte.
Ces études seront menées à l’échelle de la France sur le court terme (< 20 ans), le moyen terme (20-50 ans) et le long terme (50-70 ans).
Résultats attendus
Une méthode rationnelle de comptabilité carbone des produits bois
Bien que l’analyse du cycle de vie conséquentielle¹ soit susceptible d’être influencée par de nombreux facteurs, les parties-prenantes au projet Streisand ambitionnent de rationnaliser la méthode de comptabilité carbone des produits bois. Parmi les facteurs d’influence à surveiller :
• L’impact de la prise en compte des stocks et des flux de carbone dans le calcul de la substitution ;
• L’impact des transferts d’usage du bois, susceptibles d’entraîner une baisse de la disponibilité de bois dans certains secteurs. On estime ainsi qu’un usage excessif du bois pour l’énergie peut diminuer sa disponibilité pour la construction et augmenter l’usage de ciment ou d’acier ; avec pour conséquence une augmentation des émissions et une diminution de la valeur finale de la substitution carbone du bois-énergie ;
• L’impact de l’augmentation de la profitabilité du bois, diminuant les terres disponibles pour d’autres productions et obligeant une intensification des cultures augmentant les émissions indirectes et baissant la valeur de la substitution ;
• Les « fuites d’émissions » à l’étranger, diminuant la valeur de la substitution ;
• L’impact de possibles effets rebonds chez les consommateurs qui pourraient compenser leurs comportement d’achat pro-environnemental en s’autorisant d’autres consommations à forte intensité d’émissions.
L’analyse du cycle de vie des produits-bois du projet Streisand permettra d’évaluer les transferts sur d’autres catégories d’impact que les seules émissions. Ainsi, l’utilisation accrue de produits bois pourrait entraîner une augmentation des particules (bois-énergie) et de la surface de sols occupés à même d’impacter la santé humaine, la qualité des écosystèmes et les ressources. Des conséquences étudiées par le projet Streisand.
¹L’objectif d’une ACV Conséquentielle (ACV-C) est de modéliser l’ensemble des impacts environnementaux consécutifs à un changement survenant dans le cycle de vie d’un produit.